Ève Lomé

Journal extime

Tout se joue entre les lignes

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Tout se joue entre les lignes

L’histoire est belle. Un soir de février 1960, André Malraux assiste à l’Opéra de Paris à Daphnis et Chloé, un ballet de Ravel dont les décors et les costumes sont signés Marc Chagall. Passablement ennuyé par cette soirée de gala donnée en l’honneur du président de la République du Pérou, Malraux, qui goûte peu l’art lyrique, regarde le plafond. Depuis 1875, un décor signé de l’artiste Jules-Eugène Lenepveu habille la monumentale coupole du temple de l’art lyrique. « Classique », « pompier » (c’est selon), le Palais Garnier est le symbole du style Napoléon III. Le ministre des Affaires culturelles de De Gaulle a alors eu une idée audacieuse : confier à son grand ami Chagall la réalisation d’une fresque pour recouvrir celle de Lenepveu. À l’entracte, Malraux en parle au peintre. Mais à 75 ans, Chagall, au sommet de sa notoriété, hésite. En 1962, la commande est néanmoins officiellement passée. Après une longue période de réflexion, le peintre, qui réside désormais à Saint-Paul-de-Vence, se met au travail, réalisant des dizaines d’esquisses dans des techniques variées (crayon, encre, gouache, feutre, collages) et des maquettes.

Publié le 26 décembre 2023

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