Ève Lomé

Journal extime

Le parfum des frimas

Quelle est l’histoire des toits rouges qui apparaissent au gré du hasard dans les rues de Québec et bien au-delà de ses remparts ? Certains racontent que le rouge avait pour objet d’imiter les tuiles en terra cota du Poitou de France. D’autres soutiennent que le rouge servait à l’identification de familles prospères ou de marchands haut placés dans le Nouveau Monde. On dit, en outre, que les marins se fiaient aux toits rouges comme points de repère à la navigation. Selon une légende de la vallée du Saint-Laurent, le rouge vif permettait de repérer facilement les cabanes au Canada dans une poudrerie hivernale.
La version d’histoire la plus vraisemblable est celle de certains producteurs agricoles de l’île d’Orléans qui m’expliquaient un jour d’automne qu’à une époque ancienne les « habitants », aussi appelés les « Canadiens », ont voulu donner à leur maison un caractère distinctif sans pour autant modifier la conception architecturale normande qui était hautement adaptée au climat froid du paysage nordique. Après consultations populaires, le rouge écarlate des fraises de l’île, dont la réputation n’était plus à faire, a été retenu par les gens du pays pour se distinguer d’une mère patrie lointaine. Avec ce changement simple et peu coûteux, les francophones d’Amérique pouvaient alors facilement se reconnaître entre eux et à distance. Force est de constater que cette façon de penser continue à s’afficher avec fierté à travers le Québec.

Extrait de http://villesfrancoamerique.com/chroniques/2016/toits-rouges.aspx

Publié le 8 août 2017

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